Le château de La Brède du XIe au XVIe siècle
Le château de La Brède est un bâtiment difficile à dater. Les premières mentions d’un seigneur de La Brède se mêlent à une fable relatant le duel en 1079 entre le seigneur de La Lande (ou Lalande), seigneur de La Brède, et le champion de l’armée de Navarre, Hernandes. Il devait y avoir alors à La Brède une forteresse de type château de plaine, bâtie sur une motte artificielle, réalisée par la terre issue du creusement des fossés.
En 1283, le château fut très probablement détruit suite à une attaque. Sa reconstruction date de 1285 : c’est le premier document daté mentionnant le château de La Brède. La structure du château évolue au fur et à mesure que les fossés (c’est-à-dire les douves) sont agrandis. La première enceinte de la motte romane subsiste et on entoure de fossés une grande cour carrée. Ces deux éléments sont reliés pour permettre la circulation de l’eau.
La Brède n’est pas totalement épargnée par les conflits et les conséquences de la guerre de Cent Ans. En 1419, le château est détérioré par des tirs de l’artillerie française et Jean de La Lande obtient l’autorisation de fortifier à nouveau son château. Un troisième fossé elliptique est ensuite créé et relié aux deux précédents. En 1453, Jean de Lalande, fils du précédent, part pour l’Angleterre. Ses propriétés sont confisquées par le roi de France puis le château lui est rendu dix ans après.
Le château est alors entouré d’une enceinte presque circulaire de quarante mètres de diamètre. Une succession de pont-levis protégés par des murs percés de meurtrières permet un accès surveillé à la cour principale du château.
À la suite du mariage de l’arrière-petite-fille de Jean de La Lande, le château de La Brède devient la propriété de la famille de Penel (ou Pesnel). En 1577, les murs qui entourent les fossés sont réunis en un seul ensemble, créant ainsi un grand lac. Le château n’est plus une forteresse mais devient un château d’agrément. Il ne demeure plus que trois ponts levis. Désormais, le château possède sa forme définitive, et la structure extérieure ne variera que très peu.
Le château de La Brède du XVIIe siècle à aujourd’hui
« […] le château de La Brède, que j’ai si fort embelli depuis que vous ne l’avez vu, c’est le plus beau lieu champêtre que je connaisse […] »
Montesquieu à l’abbé Guasco, 16 mars 1752
La baronnie de La Brède entre dans la famille de Secondat avec le mariage en 1686 de Marie-Françoise de Pesnel et de Jacques de Secondat, parents de Charles-Louis de Secondat. Ce dernier devient baron de La Brède après la mort de son père (1713). En 1716 il hérite de son oncle, Jean-Baptiste de Secondat, resté sans enfants, des biens importants ainsi que du titre de baron de Montesquieu et de la charge de Président à mortier au Parlement de Bordeaux ; cela en fait un membre éminent de la noblesse d’Aquitaine et un grand propriétaire foncier.
De son mariage avec Jeanne de Lartigue en 1715 Montesquieu a trois enfants, Jean-Baptiste, Marie-Catherine et Denise ; c’est de cette dernière que proviennent aujourd’hui tous les descendants de Montesquieu, dont Jacqueline de Chabannes, qui l’a occupé jusqu’en 2004, date de sa mort, avant de léguer le château à la fondation qu’elle a voulue.
Sur les traces de Montesquieu à la Brède...
Montesquieu ne changera pas ou faiblement le château mais transformera profondément ses alentours. Les modifications qu’il entreprend ont deux raisons, d’abord pratiques, avec de grands travaux d’irrigation et d’assainissement des alentours du château afin de permettre la culture des terres. Cela consiste principalement en creusement de fossés et de rigoles pour assécher les prairies autour du château. Les aménagements du parc ont aussi des raisons esthétiques, avec la volonté de marquer de sa présence le domaine.