Le Château de La Brède : c’est là qu’est né Montesquieu. Le château et son domaine, classés au titre des Monuments historiques, ont gardé l’esprit de Montesquieu.

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Montesquieu : conserver, étudier et chercher

Montesquieu : conserver, étudier et chercher

Montesquieu : conserver, étudier et chercher

La pensée de Montesquieu fait l’objet de travaux continuels de par le monde : fondée sur le respect de la personne humaine et visant à garantir avant tout la liberté, elle a ouvert la voie aux démocraties modernes. Son œuvre, disponible dans de très nombreuses éditions et traduite dans un grand nombre de langues, a encore beaucoup à nous apprendre.

Pour l’approfondir, il est nécessaire de se familiariser avec tout ce qui a fait mûrir la réflexion de Montesquieu et de présenter avec la plus grande rigueur possible les textes mêmes, tels qu’il les a pensés et voulus. Il faut aussi confronter les interprétations et les points de vue, pour mesurer tout ce qu’il peut apporter à la pensée politique et philosophique, et pour apprécier un art d’écrire toujours actuel.

Conserver

Ses manuscrits et les éditions originales de ses œuvres sont conservés essentiellement dans quelques grandes bibliothèques. Depuis la dation et les donations faites par Jacqueline de Chabannes (1994-2009), le plus grand nombre se trouve à la bibliothèque municipale de Bordeaux, centre névralgique des recherches sur Montesquieu : la bibliothèque numérique Séléné offre des milliers de pages de manuscrits.

Des manuscrits importants sont présents dans d’autres bibliothèques, à commencer par celui de L’Esprit des lois, conservé à la Grande Réserve de la Bibliothèque nationale de France (département des manuscrits) : il est également accessible en ligne sur Gallica.

Pour un récapitulatif des manuscrits conservés, voir le site « Montesquieu. Bibliothèque & éditions » (IHRIM, UMR 5317, ENS de Lyon), onglet « Manuscrits ».

Grâce à Jacqueline de Chabannes, les chercheurs peuvent consulter plus de 1 500 ouvrages ayant appartenu à Montesquieu, aujourd’hui conservés à la bibliothèque de Bordeaux. La diversité et l’ampleur de ces ressources ont permis leur exploitation et leur mise en valeur sur le site « Montesquieu. Bibliothèque & éditions », sous forme d’une base de données, la Bibliothèque virtuelle, et d’une édition enrichie du catalogue de la bibliothèque de Montesquieu, qui constituent la Bibliothèque Montesquieu.

La bibliothèque du château de La Brède présente aujourd’hui plusieurs dizaines d’ouvrages portant l’ex-libris de Montesquieu, qui avaient été vendus et dispersés en 1939, et qu’un collectionneur a souhaité voir revenir dans le lieu même où ils avaient séjourné si longtemps.

Étudier et chercher

Des Lettres persanes (1721) à L’Esprit des lois (1748), en passant par Le Temple de Gnide (1725) et les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734), Montesquieu s’est constamment renouvelé. Son œuvre, aussi séduisante que profonde, est parfois d’une redoutable complexité tant elle embrasse les questions dans leur globalité et les formule d’une manière originale. Depuis trois siècles, penseurs, érudits, savants, universitaires de toutes spécialités se penchent sur une œuvre inépuisable qu’il faut présenter au lecteur pour la rendre accessible et pour qu’il en mesure toute la richesse, et parfois même pour en pénétrer tout le sens.
Plusieurs institutions ont eu à cœur de mettre en valeur une telle œuvre. C’est le cas de l’académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, héritière de l’académie royale de Bordeaux à laquelle appartenait Montesquieu, qui conserve le seul portrait de Montesquieu réalisé de son vivant et met régulièrement à l’honneur le plus illustre de ses membres.
La Société des bibliophiles de Guyenne, fondée en 1866 et toujours très active (elle publie notamment la Revue française d’histoire du livre), a également joué un rôle historique majeur : c’est elle qui, sous la conduite d’Henri Barckhausen, à la fin du XIXe siècle, a publié d’une manière remarquable les masses d’inédits conservés pendant un siècle et demi à La Brède et a donné un nouveau souffle aux études sur Montesquieu. C’est de l’édition des Bibliophiles de Guyenne que dérivent la plupart des éditions d’œuvres complètes (par exemple celle de la Pléiade, Gallimard, 1949-1951, constamment réimprimée depuis, qui s’appuie donc sur des travaux datant maintenant de 120 ans).

Produire des savoirs pour le XXIe siècle

Sous l’impulsion de Jean Ehrard a été créée en 1987 la Société Montesquieu, qui a pour vocation de « susciter, favoriser et coordonner toute études, recherches et publications relatives à la personne, la vie et l’œuvre de Montesquieu. Elle se propose en particulier d’aider à une édition scientifique et exhaustive de ses écrits » (article 2 de ses statuts). La Société Montesquieu, désormais associée à l’UMR 5317 (IHRIM, ENS de Lyon), publie les Œuvres complètes de Montesquieu en 22 volumes.
A été constituée une équipe internationale d’une quarantaine de chercheurs de toutes disciplines : littéraires, philosophes, historiens, historiens du livre, juristes… Colloques, revues, séminaires, création de sites internet (voir notamment le site Montesquieu) ont accompagné et soutenu une édition d’une haute tenue scientifique, publiée à Oxford (Voltaire Foundation) de 1998 à 2008, puis à Lyon et Paris (ENS Éditions et Classiques Garnier).
En 2024, cette équipe aura publié 18 volumes ; les 4 derniers sont en préparation.
Voir l’avancement de l’édition sur le site Montesquieu (Œuvres complètes) et sur le site Classiques Garnier.
Plusieurs publications « de poche » en dérivent (voir les éditions Classiques Garnier et Folio Gallimard), ainsi que des traductions en diverses langues.

Depuis 2016, l’IHRIM, avec le soutien de la Société Montesquieu, a lancé une nouvelle entreprise : une édition numérique ouverte à tous, Montesquieu. Bibliothèque & éditions, qui permet de lancer de nouveaux chantiers, comme la Bibliothèque Montesquieu, et de renouveler au fur et à mesure, grâce aux avancées les plus récentes de la recherche, les éditions imprimées avant 2008. Une interface de visualisation spécifique permet le déploiement de fonctionnalités qui ouvrent de nouvelles possibilités de recherche. Une nouvelle ère est ainsi ouverte.

Depuis 2008 (nouvelle édition en 2013, entièrement accessible également en anglais), le Dictionnaire Montesquieu permet de mettre à disposition d’un plus large public les innombrables acquis d’une recherche en renouvellement continu depuis trente ans.

Sont également disponibles en libre accès des traductions en anglais, dues à Philip Stewart : [Persian Letters->http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?article3494 (2020) et [The Spirit of Law->http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?rubrique186 (2018).

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