Le Château de La Brède : c’est là qu’est né Montesquieu. Le château et son domaine, classés au titre des Monuments historiques, ont gardé l’esprit de Montesquieu.

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Montesquieu et les voyages
Exposition proposée de juin à novembre 2025

Montesquieu et les voyages

Du récit au voyage

Au delà du voyage physique, il s’appuie pour cela sur une bibliothèque riche de plusieurs dizaines d’ouvrages anciens et récents consacrés à des « itinéraires » ou à divers pays, qui le font voyager dans toutes les parties du monde, du Mexique à la Sibérie, de la Jamaïque à l’Inde, en passant par la Perse recréée par les Voyages de Chardin, parti comme Tavernier, autre grand voyageur, à la recherche de pierres précieuses.

Depuis le XVIe siècle, les voyageurs découvrent qu’on peut penser, prier, se marier, manger, se battre, vivre autrement que dans leur pays. Leurs ouvrages séduisent et étonnent d’innombrables lecteurs : l’exotisme est une source inépuisable de plaisir et de surprise. L’Europe, qui se veut et se croit le centre du monde, qui se considère comme détentrice de la seule vraie religion, en sort à la fois renforcée, tant elle se juge supérieure, et affaiblie, devant la complexité, la richesse, l’ancienneté de civilisations qui ont duré si longtemps en l’ignorant, et face à tant de peuples si différents d’elle-même. Mais d’autres questions se posent plus que jamais : ces « sauvages » que les missionnaires convertissent parfois de force n’offrent-ils pas aussi une image de l’humanité à l’état de nature, avant la corruption qu’engendre la société ? Et qui sont les barbares ? Ceux qui vivent aux confins de l’Europe et dans l’Orient lointain, ou les conquérants et les commerçants prêts à tout pour arriver à leurs fins ? Quant aux habitants de l’Amérique et ces Africains que l’Empire espagnol réduit en esclavage, ce sont avant tout des êtres humains. La curiosité insatiable de Montesquieu se nourrit de ces certitudes et de ces interrogations.
Il s’appuie pour cela sur une bibliothèque riche de plusieurs dizaines d’ouvrages anciens et récents consacrés à des « itinéraires » ou à divers pays, qui le font voyager dans toutes les parties du monde, du Mexique à la Sibérie, de la Jamaïque à l’Inde, en passant par la Perse recréée par les Voyages de Chardin, parti comme Tavernier, autre grand voyageur, à la recherche de pierres précieuses. Montesquieu lit la plume à la main les relations des explorateurs, des marchands, des diplomates et des missionnaires, afin de dresser des recueils d’extraits destinés à alimenter ses écrits à venir, où le Siam, l’Espagne ou la Russie joueront un rôle discret ou essentiel, car il lui faut comprendre la manière dont ici on choisit un roi, ou dont on observe ailleurs des préceptes religieux – c’est de là qu’il pourra faire émerger « l’esprit des lois ». Son premier ouvrage publié n’est-il pas le récit d’un voyage, celui de deux Persans désireux de découvrir l’Europe ? En inversant les rôles et en considérant la France comme un objet d’observation, il fait du voyageur un philosophe : celui que le voyage guérit de ses préjugés, car le regard sur l’autre est aussi un moyen de se connaître soi-même.

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